
« Vae Victis (malheur aux vaincus) »
Le parcours
En ralliant la France Libre en septembre 1941 en Syrie, le capitaine Lequesne regroupe autour de lui les Tirailleurs Algériens Marocains et Tunisiens de l’Armée du Levant, en nombre suffisant pour former à Beyrouth en septembre 1941 les 21e 22 e et 23e compagnies nord-africaines. Le capitaine Lequesne prend le commandement de la 22e Cie nord-africaine et l’organise en unité d’infanterie dotée d’une section antichars.
La 22e CNA participe aux combats de Bir-Hacheim au Printemps 1942. Elle sert d’abord de protection à la 101e Cie du Train, à l’est de la position. Durement engagée dans les combats du mois de juin 1942, la 22e CNA compte 56 tués ou disparus sur les 180 hommes de la Compagnie (hommes de troupe et officiers).
Elle participe ensuite en 1943 à la poursuite des italo-allemands jusqu’au Cap Bon après la ligne Mareth et aux combats de Tunisie.
L’arrivée de la DFL et de la colonne Leclerc en Tunisie suscite un afflux massif de nouveaux engagements. Aussi, quatre officiers, le capitaine Lequesne, le lieutenant Tassin, le sous-lieutenant Prost et le sous-lieutenant Demolins décident le 30 mai 1943 de transformer la CNA en « Bataillon de mitrailleurs nord-africain ». Mais faute de matériel adéquat, il devient le 22e Bataillon de Marche nord-africain, un bataillon d’infanterie à 6 compagnies (quatre de voltigeurs, une de commandement et la Cie lourde). C’est à la « popote » de la Compagnie lourde que le capitaine Paul Hémir Mézan, les lieutenants Demolins et Siri créèrent la devise du Bataillon : Vae Victis (malheur aux vaincus).
Le 20 septembre 1943, la D.F.L. était entièrement regroupée près de Nabeul.
L’Italie
Le 27 avril 1944, le 22e BMNA embarque pour l’Italie où il est engagé pour son baptême du feu à la bataille du Garigliano sur les bords du Liri. En trois jours, le Bataillon crève les lignes Gustav et Hitler devant lesquelles les alliés avaient piétiné pendant six mois. Il tue un millier d’Allemands et en capture presque autant mais 214 de ses hommes sont hors de combat dont 50 morts, soit 31 % de ses effectifs. Relevé par une autre unité, il panse ses plaies près de San Ambriogio. Le général de Gaulle qui vient lui rendre visite, décore de la croix de guerre le fanion du bataillon et remet quelques décorations.
Après cette percée, la Division pourchasse les Allemands vers le Nord. Aux approches de Rome, le sous-Lieutenant Amenton tombe au cours d’une patrouille.
Après une période de repos de quelques jours, le Bataillon est à nouveau engagé dans la région de Bolsena. Il s’empare de Castel Giorgio, Pecarone, Torre Alfina au nord d’Acquapendente, puis de Trevinano.
Après un mois de repos, le BMNA remonte en ligne le 13 juin 1944 pour remplacer le BM 4 épuisé. A l’est de Radicofani, le 17 juin au soir, le Bataillon s’empare des hauteurs qui relient le bourg au mont Calcinajo. Ses 3 compagnies atteignent la route sous les tirs d’artillerie et des automoteurs qui couvrent la retraite des Allemands. Le capitaine Mézan commandant de la compagnie lourde, est tué par un obus au carrefour de Madona Delle Vigne.
Le Bataillon descend au repos près d ’Albanova, où le 14 juillet est fêté par une prise d’armes au cours de laquelle 123 officiers, sous-officiers, caporaux et tirailleurs sont décorés, dont 13 à titre posthume.
Le 17 août, le 22e BMNA rembarquait à Tarente sur le Vollendam pour le Débarquement en Provence.
La Provence, les Vosges et l’Alsace
Débarqué à Cavalaire, il se regroupe à Gassin puis participe au siège de Toulon. Le 21 août 1944, la 1ère Compagnie st sévèrement accrochée près du village de la Farlède. Le lendemain, le Capitaine Naudet, et la 4e Compagnie s’emparent de deux positions.
Puis ses hommes traversent le Rhône sur des camions amphibie « Duck » et remontent la rive droite du Rhône avant d’entrer dans Lyon, libérée le 3 septembre.
Depuis la libération de la Provence la DFL a parcouru près de 600 kilomètres sans combattre. Elle parvient à la ligne de défense allemande de la Trouée de Belfort et le PC du 22e BMNA s’installe sur la route de Médière. La pluie noie les bois, imbibe les prairies, et les hommes qui pataugent dans la boue sans pouvoir se sécher, grelottent dans leurs tenues d’été.
Le Bataillon remonte en ligne près de Ronchamp à Frédéric-Fontaine et Moffans et la Compagnie Naudet s’installe le 30 septembre sur les hauteurs qui dominent Eboulet, où de durs combats qui se soldent par des pertes très lourdes : 11 morts, 4 disparus et 49 blessés.
Le 2 octobre 1944, on pleure l’assassinat du Révérend Père Bigo, aumônier du Bataillon, parti secourir des blessés français et allemands, abattu d’une rafale de mitraillette dans le dos après avoir été pendu par les mains à l’arbre le plus proche, avec les trois infirmiers qui l’accompagnaient.
Le lendemain, après une grosse concentration de tirs d’artillerie, le Four à Coke est pris au prix de 22 blessés. La route Ronchamp-Clairegoutte était ouverte.
Le 17 octobre 1944, le bilan des pertes du BMNA se porte à 65 tués.
Le bataillon se porte dans la région du Rahin pour attaquer la cote 620 accompagné du peloton de fusiliers marins de Maurice Bokanowski. Le terrain, truffé de mines antipersonnel est dégagé par la compagnie lourde.
Le Bataillon, relevé le 14 novembre par le BIMP, part au repos dans la région de Lure. A cette date, il passe de la 1ère à la 2e Brigade, sous les ordres du Colonel Bavière, et reçoit en renfort la Compagnie Nord-Africaine du 1e BLE commandée par le Lieutenant Gros qui devient la 2e Compagnie du 22e BMNA.
Le Bataillon attaque le 20 novembre 1944 avec la 3e Compagnie, commandée par le Lieutenant Bertholaz. Ce dernier, blessé est remplacé par le Lieutenant Taburet et la compagnie atteint ses objectifs.
Le 25 novembre, le 22e BMNA passe sous le commandement du colonel Delange dont le groupement est chargé de la conquête de la vallée de la Doller. Le Bataillon s’installe à Sewen, Oberbruck et Dolleren. Le 28 novembre, la 4e compagnie s’empare de Wegscheld et la 2e compagnie occupe la partie de Kirchberg sur la rive sud de la Doller. Le lendemain, Kirchberg, Langfeld et Nickdobruck sont libérés et le 22e BMNA fait la jonction avec le 3e BLE à Masevaux.
Le 9 décembre 1944, le commandant Lequesne, envoyé en mission au Levant, quitte le commandement de son bataillon qu’il avait forgé de toutes pièces et passe l’intérim au capitaine Palenc.
Le 13 décembre, le 22e BMNA et la Division quittent le front nord-est de la France en vue de participer à la réduction de la Poche de Royan où les unités allemandes de la côte de l’Atlantique empêchent l’utilisation des ports français. Cependant, le 16 décembre, le général Von Rundstedt déclenche une offensive dans les Ardennes, contraignant toute la division à retraverser la France. Elle entre en Alsace par le col de Schirmeck pour relever au sud de Strasbourg la 2e DB remise à la disposition de la 7e armée américaine en Lorraine.
Front énorme pour une division d’infanterie, le secteur de la DFL s’étend alors sur plus de 40 kilomètres. La Division s’organise activement sur ses nouvelles positions. Le 22 BMNA est placé à Dambach-la-ville en point d’appui fermé. Dans toute l’Alsace, la plaine est sous la neige ; les hommes pataugent dans la neige avec des brodequins américains légers à semelle de caoutchouc.
Après six jours de combat incessants qui ont vu l’anéantissement du BM 24 à Obenheim, l’offensive allemande s’apaise brusquement. Des troupes allemandes sont relevées d’Alsace pour se porter sur le font russe.
Le 15 janvier, le général de Lattre décide de lancer deux offensives sur la Poche de Colmar. La DFL se porte sur son secteur, entre l’Illwald et la forêt de Colmar. Au moment où s’engage la bataille, la Division souffre d’une crise d’effectifs et de manque de matériel. Depuis novembre, ses pertes se sont accumulées sans bénéficier de renfort.
Le 20 janvier, l’offensive débute dans une tempête de neige et par – 15° dans un secteur pratiquement sans abris naturels. Le 22e atteint la rivière de l’Ill qu’il traverse sur bateaux pneumatiques et il nettoie le bois de Geimenmark (35 prisonniers). Le 24 janvier, avec l’appui de deux tanks destroyers, la 4 compagnie enlève définitivement le bois et la maison forestière de Geimenmark (50 prisonniers). Puis il se porte sur Speck et Onhenheim.
A la fin de la campagne d’Alsace, La DFL aura rempli sa mission de sauver Strasbourg, comme l’écrivit le général Leclerc au général Garbay.
Des Alpes à la frontière Italienne
Le 12 mars, le 22e BMNA débarque à l’Escarène, la 1ère Compagnie et la Compagnie lourde s’installent à Lucéram, la compagnie de commandement et la 3e compagnie rejoignent Peira-Cava.
La 2ème compagnie va occuper les positions dans la région du Moulinet tandis que la 4e relève celles de la région de Turini.
L’attaque du Massif de l’Authion est déclenchée le 10 avril. Malgré un épais brouillard, le BIMP, parti de la cime du Tueis, se lance à l’attaque … Le flanc-droit de cette action est gardé par un groupe du 22e BMNA sous les ordres du capitaine Palenc. Après avoir rampé à plat-ventre sur les pentes dénudées de la Gonella de l’important massif du Mangiabo, à 1800 mètres d’altitude, il s’y maintient défensivement. Deux jours plus tard tombait le fort de la Forca, dernier fort de l’Authion tenu par les Allemands.
Le 24 avril, ordre est donné de poursuivre la poussée en franchissant la frontière italienne. Une compagnie du 22e BMNA s’empare de Piena. Pendant ce temps, la 4e compagnie et une partie de la 2ème descendus de la Roya, occupent plusieurs villages italiens. Une dernière action est lancée par une section de la 4e compagnie sur Bordighera. Tous les éléments ayant fait leur jonction dans la région de San Michele, le Bataillon reçoit l’ordre de se porter à marche forcée sur Vintimille où la population lui réserve une cordiale réception.
Le journal de marche du Bataillon mentionne 355 tués, soit plus du tiers de son effectif, dont 156 officiers et parmi eux tous ses officiers maghrébins. Il dénombre également 900 blessés.
Au hameau d’Eboulet (Haute-Saône), une stèle en mémoire du 22e BMNA porte le nom des 58 soldats tués lors de combats avec des SS allemands entre le 29 septembre et le 3 octobre 19442. 36 étaient des tirailleurs ou des sous-officiers maghrébins et 22 des Français d’Afrique du Nord, de Corse ou de métropole.
Opérations
Bir-Hacheim, Garigliano, Radicofani, Hyères, Lyon, Ronchamp, Eboulet, Maisons-Forestières de Yunghurst et Gemeinmark, Bois d’Ohnenheim, Piena
Insigne

L’insigne de la 22e Compagnie Autonome Nord-Africaine fut dessiné en octobre- novembre 1941, réalisé grossièrement à cette époque dans les souks de Beyrouth. Conservé par le 22e BMNA, l’emblème sera frappé à nouveau plusieurs fois, notamment en Afrique du Nord. Il était porté en général, non sur la poitrine, mais sur le revers gauche du calot, qui était en général couleur bleu ciel (Les Français Libres et leurs emblèmes par B. Le Marec. éd Lavauzelle)
Sources & Remerciements
La 1ère DFL, épopée d’une reconquête, juin 1940 – mai 1945, A.M.G., 1946- Livret historique du 22e BMNA réalisé par les Anciens du Bataillon.
Les autres unités

Cie de Quartier général n°50
(et 51, 52)

13e demi-brigade de Légion étrangère

22e Bataillon de Marche nord-africain

Bataillon de Marche n°3

Bataillon de Marche n°4

Bataillon de Marche n°5

Bataillon de Marche n°1

Bataillon de Marche n°11

Bataillon de Marche n°21

Bataillon de Marche n°24

BIM BP BIMP
Bataillon d'infanterie de marine/pacifique

4e compagnie anti-chars

Compagnie de canons d’Infanterie

Bataillon de Marche n°2

1er Régiment de Fusiliers Marins

11e régiment de cuirassiers

1er régiment de Marche de Spahis Marocains

1er Bataillon du Génie

1er Régiment d'artillerie

1ere Cie de chars de combat

FTA 21e groupe antillais de DCA

101è Cie du train auto - 1er escadron train

1er bataillon de transmissions

1er détachement de circulation routière

Ambulance Hadfield Spears

Ambulance chirurgicale légère

Groupe d'exploitation divisionnaire

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