Le Bataillon de Marche n° 2 – BM2

par 1DFL

Le parcours

Le 29 août 1940, sous l’impulsion du gouverneur Pierre de Saint-Mart, l’Oubangui-Chari (aujourd’hui : République centrafricaine) se rallie à la France libre.

Le 1er novembre 1940, est créé à Bangui, le 2e Bataillon de marche de l’Afrique équatoriale française (ou Bataillon de marche de l’Oubangui-Chari) à partir d’éléments ralliés du Bataillon de tirailleurs de l’Oubangui (BTO) et du Bataillon de tirailleurs sénégalais de l’Oubangui-Chari (BTSOC). Aux côtés des officiers français, les Tirailleurs Georges Koudoukou et Nadjirom Mouniro (adjudant à la 6ème Compagnie) contribuent activement à ces ralliements et à la formation du Bataillon à Bangui.

Placé sous les ordres du commandant de Roux, le BM 2 comprend près d’un millier d’hommes (25 officiers, 115 sous-officiers et plus de 800 hommes de troupe africains) répartis en trois compagnies – la 5e (capitaine Amiel), la 6e (lieutenant Hautefeuille), la 7e (lieutenant Féraud), la compagnie d’accompagnement (capitaine Duché de Bricourt) – et un groupe franc (lieutenant Bourgoin, sergent-chef Conus comme adjoint).

Le bataillon quitte le territoire le 25 décembre 1940 pour Brazzaville et Pointe-Noire, d’où il est acheminé vers Port-Soudan, via l’Afrique du Sud. Il n’y arrivera que le 19 avril, après la fin des opérations en Erythrée.

Début janvier 1941, après avoir reçu son fanion, le BM2, quitte Bangui pour rejoindre Brazzaville, au Congo, où il reçoit de nouvelles recrues. Il fait de nouveau mouvement vers Durban, en février, avant de gagner Suez, en avril, puis Qastina en Palestine, où se regroupent la majeure partie des forces terrestres de la France libre. Le 26 mai 1941, le Bataillon est passé en revue par le général de Gaulle.

Après avoir rejoint les autres unités de la division Legentilhomme à Qastina (Palestine), il est rattaché avec le BM 1 et la 13 DBLE à la 1ère Demi-brigade du général Cazaud.

Le BM2 prend part à sa première campagne en Syrie, où il se distingue lors des combats de la route des djebels (djebel Galaat Hassane, djebel Bou Atriz) et de la prise de Damas (21-22 juin 1941) et aux combats de Nebek le 30 juin.

Début août, il accueille quelques volontaires du Levant, puis fait mouvement sur Alep.  Il participe au maintien de l’ordre dans la région de Homs (Syrie), à Alep, et sur les bords de l’Euphrate.

En octobre 1941, René de Roux est nommé lieutenant-colonel et commandant des Territoires de Nord-Syrie. Transmet son commandement au capitaine Amiel, nommé chef de bataillon.

Le 30 décembre 1941, le BM 2 quitte Alep pour l’Égypte et la Libye afin de participer aux manœuvres de la 1ère Brigade française libre (1ère BFL), sous le commandement du général Marie-Pierre Kœnig,

Il quitte le camp d’El Daba et 15 janvier 1942, il prend part à la reddition de la garnison allemande d’Halfaya défendue par 5000 germano-Italiens.

Au mois de février 1942, le Bataillon rejoint Bir-Hakeim avec la 1ère BFL, dans le sud du désert Libyen. Il est chargé de tenir le secteur des « Mamelles » dans le nord de la position, et les portes donnant sur le champ de mines qui entoure Bir Hakeim. Comme les autres unités, il passe trois mois à aménager la position.

En parallèle, et jusqu’au 27 mai, le BM 2 participe à de nombreuses missions de reconnaissance et de harcèlement de l’ennemi : sous les ordres du commandant Amiel, une Jock column du BM 2 part le 12 mai relever celle de la 13 DBLE, commandée par le lieutenant-colonel Amilakvari.

Puis c’est le déclenchement de l’offensive italo-allemande sur la position début juin. Le BM 2 est chargé de la défense du secteur nord-ouest, secteur le plus violemment attaqué par les troupes de l’Axe dans les derniers jours du siège.

Lors de la sortie de vive force dans la nuit du 10 au 11 juin 1942, le BM 2 resté en arrière garde, est la dernière unité à sortir de la position.

A la suite des quinze jours de siège et de la sortie de Bir-Hakeim, le Bataillon relève dans ses rangs, 216 tués ou disparus et de nombreux blessés, soit près de 40 % de son effectif.

Il est transféré au Liban en juillet 1942.

Le 28 août 1942, une citation à l’ordre de l’armée lui est attribuée par le général de Gaulle qui évoque en ces termes le bataillon : « Blancs et Noirs de l’Oubangui, étroite unis, ont donné dans la campagne 1941-1942, un bel exemple de patriotisme et de valeur militaire. »

Le BM 2 reçoit le lendemain 29 août 1942 la croix de la Libération que le général de Gaulle épingle sur son fanion à Beyrouth, le lendemain de la mort accidentelle en avion de son ancien chef, le lieutenant-colonel de Roux.

Relevé par le BM 10, venu du Moyen-Congo, en septembre, le BM 2 regagne Bangui en octobre 1943, où il est accueilli triomphalement le 24 octobre.

Le BM 2 reçoit ensuite l’ordre de se diriger sur Madagascar, où la réorganisation des forces françaises est en cours, la France Libre s’étant vu confier la direction de la colonie en décembre 1942.

Le Bataillon est désigné pour une mission de souveraineté avec pour but d’asseoir l’autorité du général Legentilhomme, haut-commissaire de France dans l’océan Indien, d’assurer l’ordre et de contrer la volonté de l’Afrique du Sud de se maintenir sur place. Il quitte le Liban le 3 janvier 1943 et débarque à Tamatave fin février 1943 où il demeure jusqu’à l’automne.

Il rejoignit ensuite Bangui où il parvient en octobre et où l’entraînement reprit après un mois de permission pour les tirailleurs.

En mars 1944, le Bataillon, toujours sous les ordres du chef de bataillon Amiel, embarque pour le Maroc, avant de séjourner en Algérie. Malgré son désir de reprendre part au combat, le BM 2 ne parviendra en France, à Marseille, qu’en janvier 1945.

Immédiatement affecté sur le front de l’Atlantique commandé par le général de Larminat, il prend position aux avant-postes de Royan et mène d’abord de nombreuses patrouilles en février et mars. Constitué de 5 compagnies dont une compagnie hors rang et une compagnie lourde, le BM2 se distingue particulièrement les 15 et 16 avril en enlevant une série de positions ennemies truffées de blockhaus et en prenant le village de Didonne. Il compte 23 tués et 84 blessés dans les combats de la libération de Royan.

Transporté sur le front de La Rochelle le 30 avril, le Bataillon participe aux dernières opérations de nettoyage jusqu’à la capitulation allemande.

Le 18 juin 1945, un détachement du BM2 défile sur les Champs-Élysées à Paris.

Rapidement, les réservistes quittent le bataillon avant le rapatriement des Africains à partir de septembre 1945, alors que les cadres rejoignent diverses affectations

Le bataillon de marche 2 est dissout le 1er novembre 1945.
Durant tous les combats auxquels il a pris part, il aura perdu 473 des siens, 167 tués et 306 blessés.

Opérations

Syrie, Damas, Halfaya, Bir Hakeim, Poche de Royan

Insigne

Dans un écu taillé noir et bleu foncé coticé en barre de gueules (rouge), une ancre coloniale en relief au-dessus du nom du lieu de création du bataillon (Oubangui) et du sigle BM 2. Dans la partie supérieure gauche, un petit écu tricolore. L’insigne s’inspire du fanion brodé par Mme Moran à Bangui dès 1940. Il fut dessiné par le lieutenant Gabard et le sous-lieutenant Tresca en 1941 à Quastina et réalisé à Damas dans le souk des bijoutiers. Il existe plusieurs modèles. L’un en argent est numéroté et le nom du porteur est gravé au verso. Un modèle est réalisé au Caire, avant le départ du bataillon pour Madagascar. Un autre a le fond bleu outre-mer coticé en barre, sans l’écu tricolore. Après la libération, un modèle plus petit est réalisé par Drago (article de Jacques Sicard sur les Bataillons de marche de la France Libre)

Distinctions - Citations

Compagnon de la Libération décret du 9 septembre 1942 - Croix de Guerre 1939-45 (2 palmes) -
Fourragère de la croix de Guerre.
20 compagnons de la Libération sont issus de ses rangs.

Sources & Remerciements

Musée de l’Ordre de la Libération – François Broche, Dictionnaire de la France Libre, Laffont éd., 2010.

Les autres unités