Le Bataillon de Marche n°5

par 1DFL
BM5

Le parcours

Le commandant Roger Gardet avait constitué avec quelques officiers un comité de résistance au Cameroun, avant de prendre contact avec le commandant Leclerc qui se trouvait alors au Nigéria. Le 27 août 1940, Roger Gardet va à la rencontre de Leclerc débarqué la veille à Douala, puis il participe avec quarante hommes au ralliement de Yaoundé, la capitale du Cameroun, à la France Libre. En septembre, il est promu chef de bataillon du Régiment de tirailleurs camerounais (RTC), crée par le colonel Leclerc. Fin 1940, Roger Gardet propose la création d’un bataillon de marche, le 3e Bataillon du Régiment de tirailleurs du Cameroun (3e BRTC), qui voit le jour en mai 1941 et est placé sous son commandement. Il prendra le nom de Bataillon de marche n° 5 au printemps 1942.

L’instruction fut dispensée dans un camp construit par le Capitaine Dronne à 70 kilomètres de Yaounde, sur la rive droite de la Sanaga. Sur la proposition du commandant Gardet, le commandant militaire baptise le nouveau camp du nom du Lieutenant-colonel d’Ornano en hommage au héros de Mourzouk.

Il est exclusivement composé de volontaires : 700 camerounais – aux deux tiers des tirailleurs Saras – et d’une centaine d’officiers et sous-officiers d’active ou de réserve européens.

Le BM 5 est prêt à être engagé en septembre 1941. Il est d’abord envoyé au Nord-Cameroun avant d’être affecté au Levant.

Du 15 février au 30 avril 1942, par route, chemin de fer, voie fluviale sur le Nil, le bataillon traverse l’A.E.F., le Nord Congo Belge, le Soudan Egyptien, le Sinaï, la Palestine, et parvient à Damas en Syrie.

En mai 1942, il s’installe au Levant, au col de Baïdar, dans la ceinture défensive fortifiée de Beyrouth, Début juillet, il intègre au Caire la 2ème brigade française libre (BFL) avec le BM XI, au sein de la 1ère division légère française libre.

Sans armement, ni matériels adéquats, la 2e Brigade est alors utilisée à organiser des Centres de Résistance, sur la route Le Caire -Alexandrie (juillet-août).

Ce n’est que le 17 octobre 1942 que la 2e brigade reçoit l’ordre de faire mouvement vers l’Egypte, où elle s’intègre à la 50e Division Britannique.

El Alamein

Le 23 octobre 1942, à la nuit, le BM 5 5 occupe la croupe d’El Halfa, alors que se déclenche à 21h45 l’apocalyptique bombardement qui dure toute la nuit, prélude à la Bataille d’El Alamein.

Employé à des missions de « déception » destinées à tromper l’ennemi sur les mouvements réels des troupes alliées, ainsi, du 24 octobre au 2 novembre, le BM 5 change quatre fois de position par des mouvements de nuit en black-out.

La 8e Armée a percé au Nord : l’ennemi décroche, le BM 5 et la 2e brigade participeront ensuite au nettoyage du terrain abandonné par l’Afrika Korps. Les premières pertes proviennent essentiellement des mines : le BM 5 compte une dizaine de tués et 20 blessés.

Début janvier 1943, la 2e brigade, passée sous le commandement du Colonel Diego Brosset, fait mouvement sur Tobrouk pour rejoindre la BFL, devenue entre-temps DFL, et où elle intègre le B.M 4 venu du Liban.

Campagne de Tunisie

Elle fait mouvement le 19 avril pour la Tunisie où la relève des Britanniques s’effectue le 6 mai.  Le BM  5 arrive à Takrouna, à l’ouest d’Enfidaville, où il retrouve la Force Leclerc.

Le lieutenant-colonel Gardet s’illustre le 11 mai 1943 aux Djebillat, dans la région de Takrouna. Il s’agit de collines escarpées fortement tenues par les Allemands de la 90e Division Légère. Lorsque l’attaque se déclenche à l’aube, Gardet entraîne les 1ère et 2e compagnie du BM 5 à l’assaut des cotes 150 et 136, position enlevée en 14 heures. Les pertes sont lourdes et quatre officiers sont tués. Le capitaine Piozin est sauvé in extremis par l’adjudant Noukoun Kone. Mais malgré la vigoureuse réaction de l’adversaire, l’attaque est un succès : l’ennemi perd des positions importantes et de nombreux prisonniers sont faits.

Le 14 mai 1943, à l’issue de ces combats, le lieutenant-colonel Gardet reçoit la reddition du général Orlando et de son corps d’armée.

Il se porte en août au Cap Bon (Tunisie) et fait ses adieux à la VIIIe Armée britannique. L’épopée Free French est terminée. Il reçoit alors une instruction intensive à l’américaine.

Campagne d’Italie

Sous les ordres du commandant Albert Bertrand, le BM 5 suit la DFL et le Corps Expéditionnaire en Italie. Il embarque à Bône en Algérie le 17 avril 1944 et débarque à Naples.

La bataille du Garigliano s’engage le 12 mai.  Le BM 5 s’empare dans la nuit du 17 mai du Monte Calvo (950 m) et le 19 mai, il appuie les BM 4 et B M 11 au franchissement difficile du Rio Forma Quesa.

Ils s’engagent dans le large couloir entre le Liri et la ligne des monts dei Mandrone, della commune et Leucio.  Devant eux, le 2e escadron de fusiliers Marins éclaire la progression avec ses scout cars. Au soir, le gros de la 2e brigade arrive sur ses objectifs sans difficultés mais non sans pertes, dues aux mortiers et à l’artillerie ennemis : le BM 4 à la cote 160 et le BM 5 au Monte Morone.

Le 24 mai, la manœuvre du Garigliano est terminée et la DFL se regroupe au sud de Pontecorvo jusqu’au 31 mai.

 

Devant Tivoli, les 5 et 6 juin 1944, le BM 5 monte une attaque sur la villa Adriana qu’il réduit avec l’appui de l’artillerie et des chars.

 Dans la nuit du 11 et le 12 juin, il livre un combat acharné sur la route Viterbo-Sienne pour la position de Bagno-Reggio. Le 12 juin, il s’empare brillamment du Monte Rado près de Pontecorvo, au prix de 35 tués et 160 blessés.  La Compagnie Chrétien y perd tous ses chefs de section.

La 2e Brigade est relevée le 14 juin. Elle se regroupe le 17 juin devant Castello-Chiaia.

 

Le 30 juin 1944 de Gaulle remet la croix de guerre au BM 5.

Campagne de France

Le 13 juillet, le BM 5 quitte l’Italie à Tarente avec le Corps Expéditionnaire et le 16 juillet, il débarque à Cavalaire en Provence.

Après le débarquement de Provence, il prend part aux combats pour la libération de Hyères et de Toulon.

Devant Hyères, après une forte préparation d’artillerie sur les casemates tenues par l’ennemi, le BM 5 5 franchit le Real Martin et donne l’assaut au Mont Redon sous un déluge d’obus déclenché par l’artillerie allemande. Attaques, contre-attaques, les « Camerounais » tiennent fermement et à 20 heures, le BM 5 reste maître de la position.

Au prix de 21 morts et d’une soixantaine de blessés dont le Capitaine Marcel Faure, cette résistance héroïque, sans vivres et sans eau, motivera en partie, en novembre 1944, la 2e citation du BM  5 à l’Ordre de l’Armée.

Avec le BM 4, il enlève le 23 août, le Massif du Touar à La Garde avant la reddition de Toulon qui intervient le 26 août.

La DFL remonte ensuite le Rhône. La 1ère armée française a pour mission de pénétrer en Alsace par la trouée de Belfort où l’ennemi en retraite s’accroche, et de rejeter les Allemands au-delà du Rhin.

Fin octobre 1944, le remplacement des Tirailleurs africains par de jeunes Français va modifier profondément la physionomie de la 1ère DFL. Il concerne en effet principalement les cinq Bataillons de marche coloniaux : 6.000 hommes. Cette relève est réalisée par des engagements individuels et l’intégration d’unités F.F.I. ayant valeur d’une compagnie ou d’un bataillon.

Sous le commandement du capitaine Pierre Hautefeuille, le BM 5 va s’illustrer en novembre dans les combats de Belfort.

La DFL relève les Américains à Villersexel et son front s’étire sur 20 kilomètres. La forêt devant Belfort est impénétrable, farcie de défenses. Le 29 septembre, le BM  5 s’empare péniblement du Bois de Saint Georges.

L’attaque de Belfort est déclenchée le 19 novembre. Le BM 5 conduit par le Commandant Bertrand doit opérer en direction de Giromagny. Les BM 4 et BM 5 enlèvent les hauteurs sud du col de La Chevestraye vers 16 heures.  La Division a fait 106 prisonniers. Plancher-les-Mines est dépassé et le 20, sous la pluie, le BM 5 occupe Auxelles-Haut ; le 21 sous la neige, Lepuix-Gy ; le 22, Giromagny ; les 24 et 25, Etueffont-haut, Etueffont-Bas et Anjoutey. Exténué, le Bataillon est relevé.

Entre temps, le 20 novembre, le commandant de la DFL Diego Brosset, s’est tué accidentellement et le Colonel Garbay lui succède à la tête de la DFL.

Le 1er janvier 1945, la 1e DFL relève la 2e DB au Sud de Strasbourg, face aux Allemands qui tiennent une bonne partie de l’Alsace et prétendent reprendre la ville. C’est le Capitaine Hautefeuille qui commande maintenant le Bataillon.

Du 23 janvier au 2 février 1945, le BM 5 participe avec la DFL à la Bataille de Colmar, et progresse vers l’Ill au Sud de Sélestat. Au cours de cette terrible épreuve, dans la neige par – 15°, face à un ennemi bien retranché, Il perd entre autres, le lieutenant Le Bastard, l’un de ses premiers volontaires.

Au printemps 1945, le bataillon gagne le front des Alpes, où la DFL arrive le 15 mars. Le BM 5 tient la frontière au Nord de Menton pour une mission de couverture et renseignements. Des patrouilles nocturnes décèlent tout décrochage de l’adversaire, opérations que les mines A.P. rendent coûteuses en vies humaines. Les deux dernières patrouilles, lancées dans la nuit du 24 au 25 avril, alors que l’ennemi avait déjà décroché, furent les plus meurtrières.

Le 26 avril, le BM 5 occupait Vintimille puis Bordighera.

Le Bataillon de Marche 5 a perdu 232 hommes entre 1941 et 1945.

Opérations

Egypte (El Alamein) – Tunisie (Takrouna) – Italie (ligne Hitler – Tivoli (Adriana) – Bagno Reggio) – Provence (Hyères- Toulon) – Vosges (Villersexel – Giromagny) – Alsace (Ill) – Alpes (Menton)

Insigne

Ecu émaillé blanc avec une croix de Lorraine rouge chargée d’une tête d’éléphant vue de face. Le sigle du bataillon et l’année de sa création (1940) figurent de part et d’autre de la croix. L’écu repose sur une ancre coloniale (sans organeau) portant en pointe le nom du territoire d’origine du bataillon, le Cameroun. Dessiné en Tunisie en 1943 par le sergent Cotteret, l’insigne réalisé au Caire début 1944 est distribué en Italie en juin suivant. Il est ensuite fabriqué par Arthus-Bertrand, en 1946 (numéroté, la tête d’éléphant est noire). Une bande métallique destinée à être agrafée sur la patte d’épaule et mentionnant BM.5 Cameroun aurait été portée en 1942. (Jacques Sicard)

Distinctions - Citations

Titulaire de la Croix de Guerre 39-45, le BM 5 a obtenu deux citations à l’Ordre de l’Armée.
17 Compagnons de la Libération sont issus de cette unité.

Sources & Remerciements

François Broche, Dictionnaire de la France Libre, Laffont éd., 2010. La 1ere DFL, les Français libres au combat, Yves Gras, Presses de la Cité, 1983

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