Article du journal ” l’Orne Hedo” par Karina
Crédit photos “l ‘Orne Hebdo”
Fondation de la France Libre et l’association Vive la Résistance au collège Louise Michel.
C’est un rendez-vous incontournable avec l’Histoire. Chaque année, Christophe Bayard, professeur d’Histoire au collège Louise-Michel et président de l’association « Vive la résistance », rassemble des témoins de la 2nde Guerre Mondiale à l’occasion de la Journée de la Résistance.
Robert Pestieaux a rejoint le Général de Gaulle à Londres
en juin 1940. Il avait 20 ans.
Robert Créange, David Fuschs, Robert Pestieaux
et Christophe Bayard
Ce mardi 1er mars, elle s’est ouverte par de précieux témoignages. Ceux« d’habitués » du rendez-vous alençonnais comme Robert Créange et David Fuschs, « enfants cachés » durant la Seconde Guerre Mondiale et celui, inédit en terre ornaise, de Robert Pestieaux qui a rejoint le Général de Gaulle à Londres au lendemain de son appel.
“Il disait que tous les moyens étaient réunis pour la victoire”
Né à Paris le 1er avril 1920, il a été envoyé, à la demande de ses parents, à Granville, chez son oncle et sa tante, en juin 1940. « J’avais 20 ans et j’étais mobilisable dans les plus brefs délais. Mon père m’a conseillé de rejoindre Granville. Les Allemands y sont arrivés le 18 juin. Avec des copains, on en pleurait dans la rue. La mère de l’un d’eux est venue nous réconforter en nous disant qu’un jeune général avait dit à la radio que tout n’était pas perdu. Il devait reprendre la parole quelques jours plus tard et elle m’a invité à venir l’écouter chez eux. C’était le 20 juin 1940, je crois. De Gaulle disait que la France avait été vaincue mais que tous les moyens pouvaient être réunis pour la victoire. La France était le premier empire colonial du monde et ça offrait une possibilité économique et stratégique immense. C’est à ce moment que j’ai décidé d’aller le rejoindre à Londres ».
L’objectif premier du jeune Robert était alors de rallier Jersey. « C’était difficile car il y avait des Allemands partout. J’ai démarché des pêcheurs mais soit ils me disaient que ce n’était pas la peine car la guerre était finie, soit ils redoutaient les représailles des Allemands à leur retour. »
Six heures de traversée pour rejoindre Chausey !
Il est alors dirigé vers Maurice Marland, « un professeur d’anglais qui avait réussi à faire partir des Anglais depuis Cancale. Il nous a conseillé d’aller à Chausey où une vedette viendrait nous chercher pour Jersey. Avec mes copains, on a fini par trouver un vieux pêcheur, le père Daniel, qui a accepté de nous conduire jusqu’à Chausey. Il nous a donné rendez-vous à minuit à l’entrée du port. On était au rendez-vous et en descendant dans la cale, on a découvert trois autres gars qui avaient les mêmes objectifs que nous. Cette nuit-là, c’était tempête et nous étions déjà malades dans le port ! On a mis six heures pour traverser ! Le lendemain, une vedette est venue nous chercher pour nous conduire à Jersey… sur une mer d’huile cette fois ! On a été hébergés dans un pensionnat de moines où le consul de France est venu le lendemain pour nous diriger vers Portsmouth ».
Placés dans un camp de réfugiés
De Portsmouth, Robert Pestieaux et ses amis ont rejoint Londres « où on a dit aux autorités qu’on venait rejoindre l’armée du général de Gaulle. Sauf qu’elle n’existait pas encore et qu’il n’y avait pas eu d’accord entre Churchill et de Gaulle à ce moment-là ! On nous a alors placés dans un camp de réfugiés avec l’interdiction d’en bouger ! Au bout de trois jours, des dames qui parlaient le français nous ont dit qu’on allait être rapatriés en France par le Portugal ! On lui a dit non ! Les accords entre Churchill et de Gaulle ont finalement vu le jour en juillet et il est venu à notre rencontre avec une délégation. C’était le plus grand de tous, il portait un képi et il brillait comme un phare ! Son discours nous a fait comprendre qu’il n’était pas un général comme les autres mais quelqu’un d’extraordinaire ! »
Robert Pestieaux s’est alors engagé à ses côtés. Il a rejoint la Syrie et le Liban.« J’ai parcouru l’Afrique d’Est en Ouest au niveau de l’équateur ». Après sept années d’armée, il a rejoint la société civile où il a fait carrière dans les assurances.
Basé à Angers, il y coule une paisible retraite avec son épouse.
À Christophe Bayard qui remerciait ces témoins de leur présence à Louise-Michel ce mardi 1er mars, certains ont répondu :
« C’est nous qui avons le privilège d’être là car nous sommes vivants ! ».
David Fuschs