* En Mai 2017 disparaissait Etienne LAURENT, Cadet de la France Libre et ancien du BM 24

par 1DFL
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* En Mai 2017 disparaissait Etienne LAURENT, Cadet de la France Libre et ancien du BM 24

Etienne LAURENT à gauche, congratulé par ses camarades  Cadets – Françaislibres.net

In Memoriam Etienne LAURENT, par André Casalis

Revue de la Fondation de la France Libre n° 66, décembre 2017

” Etienne se trouvait en Grande-Bretagne pour ses études en 1940. Revenu en France pour l’été, il retrouve son père, médecin connu, lequel désapprouve l’armistice de Juin 1940.

Ne pouvant quitter ses malades, il persuade Etienne de se retrousser les manches, de rallier le Royame-Uni et de s’engager.

On peut penser qu’ils furent parmi les rares à entendre l’appel du Général de Gaulle.

C’est ce que fait ce JEUNE HOMME DE 16 ANS. Engagé volontaire avec le matricule 2263, on le trouve successivement au camp de Brynbach, puis à Londres sous les bombes, afin de passer son baccalauréat et enfin à l’ECOLE MILITAIRE DES CADETS DE LA FRANCE LIBRE à MALVERN (Worcestershire), nouvellement ouverte en février 1941.

Juin 1942 voit la première promotion de l’Ecole baptisée LIBERATION. Sept de ses quinze membres donneront leur vie pour la France.

 

Promotion Libération – Françaislibres.net

Promu aspirant, Etienne est bientôt affecté en renfort au BM 24, issu des troupes ralliées de Somalie, le 27 Novembre 1942.

Ce Bataillon participe à la campagne d’Italie au sein de la 1ère Division Française Libre puis à la prise d’Hyères, lors du Débarquement de Provence, et enfin aux combats des poches del’Atlantique**, sous les commandements successifs des chefs de baillon Sembron, Dublecco et Coffinier.

 

En 2010, devant la tombe du général de Gaulle- Françaislibres.net

Démissionnaire de son grade en novembre 1945, Etienne reprend du service en 1952. Il participe à la campagne d’Indochine puis à la guerre d’Algérie.

Ses origines vont désormais le servir : il est en effet le fils d’un médcin français et d’une mère issue de notables béninois.

Cette situation lui permet de mener à bien de délicates missions en République Centrafriaine et au Cameroun.

Chargé ensuite de périlleuses missions comme chef du cabinet militaire du président du Bénin, il saura s’en tirer avec succès. Ses origines, son intelligence et sa maîtrise des langues locales font alors de lui un acteur discret et efficace de la France en Afrique.

Il n’a jamais voulu me parler que d’une ou deux de ses remarquables aventures africaines, il les a emportées avec lui.

Il avait reçu les insignes de commandeur de l’ordre national du mérite,puis de commandeur dans l’ordre de la Légion d’Honneur, outre de nombreuses décorations étrangères.

Il nous a malheureusement quittés le 31 mai dernier, âgé de 94 ans.

A Dieu, mon ami “.

André CASALIS

**  les campagnes des Vosges et l’Alsace ne sont pas citées, mais peut-être parce que Etienne Laurent n’y a pas participé

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Le College de Malvern 

Copyright ASFCL (Association Souvenir des Cadets de la France Libre)

Témoignage du colonel LAURENT en 2013 sur l’Ecole des Cadets 

“Des semaines d’alertes incessantes et de bombardements quotidiens, avec tout ce que cela comporte, ne facilitent pas notre préparation aux épreuves qui débutent en octobre. Les examens terminés, les lauréats quittent Londres pour le petit village de Rake Manor dans le comté de Surrey.

Après un déplacement sans histoire, nous nous retrouvons dans des sortes de baraquements jouxtant un étang et la très belle résidence de Madame Thalia Gage, d’origine américaine. Cette personne, comme Lady Peele de Londres, oeuvre pour le « Comité International d’aide aux Français Libres ».

Il fait un froid particulièrement vif en ce mois d’Octobre 1940. Sur les dix couvertures allouées à chacun de nous, cinq servent de matelas. L’unique poêle à charbon, toujours poussé à fond fait de son mieux pour chauffer nos deux dortoirs mais faute de combustible suffisant, il s’éteint au milieu de la nuit. Nous n’arrivons pas à nous réchauffer. Nous n’enlevons guère d’effets pour dormir.

Les réveils sont très lents et douloureux, les exhortations de nos gradés n’y peuvent rien. Se laver ? Pas question. Nous sommes, je suis comme les autres, très sale. Comment être enfin propre ? Dans ce domaine, nous pensions que l’arrivée des beaux jours avec son soleil était la solution. La nourriture bien que parfaitement préparée par un cuisinier de métier est distribuée un peu parcimonieusement pour contenter nos féroces appétits : résultat, nous avons toujours faim. Conséquence d’un rationnement rigoureux subi avec toute la nation britannique. Nos professeurs civils et nos instructeurs militaires font preuve de beaucoup de compréhension à notre égard, mais cela ne suffit pas à nous rendre notre énergie et notre enthousiasme.

Ces adolescents en «battle dress», soumis à une discipline militaire sans grisante contre partie, plongés jour et nuit dans une atmosphère de guerre n’avaient plus la mentalité ni les préoccupations ordinaires des collégiens. Nous n’avons qu’une idée en tête, celle de nous engager pour aller combattre l’Allemand. Nous nous sentons humiliés et abandonnés. Nous « râlons » en permanence.

Un rayon de soleil tout de même dans cette grisaille nous aide à supporter ces temps difficiles, la très grande camaraderie qui règne entre nous. Notre futur chef, André Beaudouin, professeur de français au lycée Esteqlal de Kaboul (Afganistan) a rallié depuis peu les Forces françaises en Angleterre. Il se trouve à Londres auprès du Général de Gaulle. Celui-ci l’envoie en mission à Rake Manor pour voir nos conditions de vie et prendre notre pouls. Dès son retour, il rend compte : « Si nous laissons ces 64 garçons dans ce cadre, ils vont finir par tout casser. »

Il propose une étude mixte militaire et civile, suffisamment longue pour faire de nous, l’heure venue, des officiers. L’accord du Général est total. Les ordres sont donnés pour que le « Prytanée Militaire de la France Libre », soit un succès. Quelques temps après, d’autres professeurs civils et d’autres cadres militaires nous rejoignent avec des livres, du matériel, de l’armement … C’est le début d’une sérieuse reprise en main. Le sous-lieutenant de Cabrol la commence en nous déclarant: « Vous allez cesser de geindre sinon il vous en cuira. Vous êtes crasseux. (nous l’étions) ainsi que vos deux dortoirs. Je vais vous apprendre à vivre dans la propreté, à vous laver par tout temps et tous les jours et pour certains d’entre vous à vous raser. En attendant, voici le programme pour demain : réveil à l’aube, décrassage de vos personnes et de vos chambres, petit déjeuner, puis cours d’anglais, de maths, de physique, de chimie, d’histoire et instruction militaire »

Ce témoignage a été publié sur le site de l’Association Souvenir des Cadets de la France Libre  ; CONSULTER LE SITE  ICI

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