* Décès de Mr Jean-Baptiste Pietri ancien du B.M.11

par 1DFL
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Nous apprenons le décès  de Mr Jean-Baptiste Pietri , décédé à Orléans (45000) le jeudi 11 mai 2017 à l’âge de 94 ans

 

La cérémonie sera célébrée le 18/05/2017,
à 13 heures 45, La salle omniculte des Ifs à Saran (45770).

Membre de la 1re DFL, Jean-Baptiste Pietri a débarqué le 15 août 1944 à La Croix-Valmer, et a participé à toute la campagne de libération de la France jusqu’en Alsace.

  

* Décès de Mr Jean-Baptiste Pietri ancien du B.M.11

                                   Jean-Baptiste Pietri
                                     (Photo “Corse-matin”)

 


Article du Journal
  * Décès de Mr Jean-Baptiste Pietri ancien du B.M.11  daté du 15 août 2014.


Son témoignage poignant :

 

Jean-Baptiste Pietri a 91 ans. « 91 ans et demi », précise-t-il illico. Il s’est engagé à 18 ans, dans la 1re Division française libre (DFL), « pour la France ».

En 1941. Ces quatre ans de guerre, il n’avait pas franchement envie de les raconter. « Vous savez, les Corses, ils ne parlent pas beaucoup, s’excuse-t-il. Il y en a qui aiment témoigner sur cette période. Moi pas tellement, ça me fait remonter trop de choses à l’esprit. » Sa famille a cependant réussi à le persuader. Et il a accepté. Pour eux. « Et pour vous. »

En vacances au Lavandou, et avant de participer aux cérémonies commémoratives à Cavalaire, aujourd’hui, le vétéran, natif de Sorbollano, a commencé à se livrer. Un peu. Et puis il a laissé sortir les mots. Calme, pudique, toujours, mais en flot continu. Sans aucune note écrite. Juste lui, face à ses souvenirs. Jean-Baptiste Pietri n’a rien oublié. Il se souvient de tout, absolument tout. « C’est ma mémoire qui me fait vivre », dit-il dans un léger sourire.

De Gaulle les attendait

 « Quand on a rejoint le général De Gaulle en Tunisie, en mai 1944, il nous a dit : ”Je vous attendais. Le plus dur reste à faire.” J’arrivais de neuf mois dans le maquis corse, parce qu’avant tout, je voulais libérer mon île natale. Puis on a débarqué à Naples. La campagne d’Italie, pour moi, ça a été le plus dur. Ça a duré deux mois. À Tarente, on est resté huit jours. Avant de débarquer en Provence. »

15 août, 3 h du matin…

 « J’ai débarqué à La Croix-Valmer dans un bac, qu’on avait décroché du bateau. C’était le 15 août, à 3 h du matin. Sur la plage, il y avait un parachutiste canadien qui nous attendait. On était content de le voir. Je lui ai dit : ”C’est calme !” Et il m’a répondu : ”Tu vas voir, ça ne va pas durer.” C’est là que j’ai vu les casques des Allemands briller. Et effectivement, ça s’est corsé. Ils ont tiré sur les bateaux. Nous, on a attaqué la colline, et c’est devenu sanglant. Il y avait un gars que j’avais connu à Tunis et que j’aimais bien. Il était chargé d’amener du ravitaillement. On lui a tiré dessus. Quand il est mort, je tenais sa tête. J’étais tellement triste que je suis parti. D’autres ont pris le relais.»

 « J’ai failli mourir et il m’a engueulé ! »

 « Après avoir passé la colline, le mont Redon, on est arrivé à La Crau. J’avais une mission : apporter un petit poste de radio à un lieutenant. Un Breton, un têtu. J’ai failli me faire tuer. Mais je l’ai trouvé. Il était caché dans un trou, dans la rue en face de l’église. Et il m’a engueulé, parce qu’il était énervé d’avoir autant attendu. J’ai failli mourir, et il m’a engueulé ! En fait, je l’aimais bien. Il gueulait, mais après c’était fini. C’était un bon officier. »

Sales et barbus à Toulon

 « On avait un général sensationnel : le général Brosset. Et on a continué à avancer. La Valette. La Garde. Quand on est arrivé à Toulon, on était sales, barbus. Mais les mémés venaient quand même nous embrasser. On a libéré Aix-en-Provence, et on est monté encore. Avant d’arriver à Lyon, on a attaqué un fort, à Oullins, dans lequel les Allemands étaient installés. Et on est resté là quatre ou cinq jours. Repos. Ça nous a fait du bien. Lyon, le commandant nous avait dit de nous méfier, parce qu’il y avait la milice. C’était en septembre, je ne sais plus le combien. »

Une belle fille

 «Après Lyon, il y a eu la Côte-d’Or. Puis Macon. Et la Haute-Saône. Ça a été terrible, la Haute-Saône. C’était l’automne. Il pleuvait, il neigeait… Il faisait tous les temps. Surtout, il s’est passé quelque chose de vraiment triste. Quand on est arrivé, il y avait une grande maison, dans laquelle tout le monde criait et pleurait. Les Allemands venaient de fusiller deux frères de 18 et 20 ans. Notre chef nous a simplement dit : ”Allez-y. Pas de pitié”. Je me souviens aussi d’une fille qui venait à vélo. C’était une infirmière. Une Résistante. C’était tatoué sur son bras. Et elle était en première ligne. C’était une belle fille. »

Le général et Jean-Pierre Aumont

 « On était presque au niveau du territoire de Belfort, quand notre général est tombé dans une rivière avec la Jeep. Avec lui, dans la voiture, il y avait un acteur. Jean-Pierre Aumont. Lui s’en est sorti. Notre général est mort. Pour nous, c’était la catastrophe.»

22 ans et 5 jours, blessé

 « Alors on est arrivé en Alsace. Le 4 janvier 1945, j’ai eu 22 ans. Et le 9, j’ai été blessé. Les bonnes sœurs m’ont bien soigné. De Dijon, je suis parti à Marseille, à l’hôpital. Mais c’était tellement plein qu’on m’a envoyé à Blida, en Algérie. Le docteur, c’était un capitaine de la 1reDFL. Il m’a demandé : ”Est-ce que tu vas continuer l’armée ?” J’ai juste dit : ”Ah non, c’est fini ! Pour toujours !” Puis je suis allé faire 45 jours de convalescence en Corse. Quand j’ai rejoint ma division en Seine-et-Marne, la guerre était finie.»

Légion d’honneur

 « Après, je me suis débrouillé tout seul. Et je suis rentré chez Renault, à Boulogne-Billancourt. Pendant longtemps, j’ai occulté tout ce qui avait un lien avec cette période. Au moins 20 ans. Je n’allais pas aux commémorations. Et puis j’ai retrouvé un autre Corse, qui m’a dit : ”Tu nous as laissé tomber, tu es un lâcheur.” Alors je suis allé à des cérémonies. Ils avaient tous des décorations. Moi j’avais eu la médaille militaire, et quatre citations, dont une américaine. À Paris, à la Grande Chancellerie, ils ont repris mon dossier. Je ne demandais rien, mais un capitaine a demandé pour moi la Légion d’honneur. Et je l’ai reçue. Je me suis toujours dit : ”On ne l’a pas fait pour ça. On l’a fait pour la France.” N’empêche, j’ai regretté de ne pas l’avoir eue pendant que ma mère était encore en vie. Elle aurait été fière.»

Générations

 « J’ai deux petits-enfants. Parfois, je leur raconte un peu, parce qu’ils sont curieux. Un jour, le petit m’a demandé : ”Combien t’en as tué des Allemands ?” Je lui ai répondu : ”Je n’en ai pas tué. Je tirais en l’air.”»

Patriotisme

 « J’ai été élevé dans l’esprit militaire. Mon père a été gazé en 1917. Des cousins ont été tués, des oncles blessés. C’est pour ça qu’on a l’esprit patriotique. Et c’est pareil pour mes filles et mes petits-enfants. Il y a une chose que je souhaite, si la France est à nouveau en danger un jour : c’est que les jeunes s’engagent aussi. J’ai une devise : ”Plutôt mourir que de vivre dans une dictature.”»


Propos recueillis par Fanny Roca Froca


       En mémoire des libérateurs de la 1re DFL

Article paru dans la revue  “Entre Doller et Soultzbach
 

Publié le 3 décembre 2014 par Denis FLUHR

* Décès de Mr Jean-Baptiste Pietri ancien du B.M.11

(Crédit photo : revue “Entre Doller et Soultzbach”)

La fondation B.M.24  Obenheim présente ses sincères condoléances à sa famille

* Décès de Mr Jean-Baptiste Pietri ancien du B.M.11

 

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