Colonel Achille Muller, Grand-Croix de la Légion d’Honneur, membre des Forces françaises libres fête ses 100 ans

par Jean Marie PEFFERKORN
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Achille Muller
Grande médaille d’or de la Ville de Pau

Achille Muller, né le 1er janvier 1925 à Forbach est un résistant, membre des SAS durant la Seconde Guerre Mondiale et militaire français. Il est l’un des derniers survivants français des Forces françaises libres. 
Âgé de 17 ans, il quitte Forbach le 14 juillet 1942, traverse la France et arrive à Lyon où il passe quelques mois. Il repart pour gagner l’Espagne.

Après être passé par Barcelone, Madrid, Séville, il rejoint la FFL le 10 février 1943 à Gibraltar puis embarque sur un navire britannique à Algésiras et arrive en Angleterre le même mois.
Il se présente au quartier général des FFL à Londres où il est mis sous surveillance pendant 72 jours par les services de renseignement anglais qui le croyait être un espion allemand. Ensuite, il est envoyé en Écosse pour devenir parachutiste.

Achille Muller en uniforme britannique.
• © photo extraite de “Nos vertes années” / Achille Muller

BIOGRAPHIE

Achille Muller

Grandissant dans une région déchirée par la cohabitation des identités française et allemande, Achille devient allemand en 1940 du fait de l’annexion de l’Alsace-Moselle par le IIIe Reich. Pour lui, cependant, aucun doute : sa patrie est la France. En juillet 1942, alors proche de la majorité et de l’enrôlement forcé dans l’armée allemande, il fuit pour rejoindre les Français libres du général de Gaulle avec la complicité de sa famille. Avec un dernier regard, il voit « s’éloigner la maison de son enfance ». De janvier 1943 à janvier 1945, ses parents sont sans nouvelles de lui.
Un voyage de plusieurs mois l’attend, durant lequel il traverse cinq frontières surveillées pour rejoindre Gibraltar puis le Royaume-Uni par la mer. La première frontière franchie, le voici en zone occupée, où il obtient la traversée du Doubs et le passage en zone libre en échange de son vélo. Arrivé à Lyon, capitale de la Résistance, il est rattrapé par l’invasion de la zone libre qui lui fait hâter sa fuite vers l’Espagne.
Sa maîtrise de l’allemand le sort plus d’une fois d’affaire, et après une traversée des Pyrénées des plus acrobatiques, il reçoit la protection du consulat britannique de Barcelone puis de Madrid. Échappant de peu à une arrestation par les Espagnols, il parvient finalement à Gibraltar avec l’aide de l’ambassade américaine en Espagne.

Enfin arrivé en Angleterre, son incroyable récit lui vaut d’être mis sous surveillance pendant soixante-douze jours par le renseignement britannique, qui croit avoir affaire à un espion allemand…!!
A l’heure de choisir son rôle dans la libération de la France, Achille refuse de servir dans le renseignement ou d’être l’un des premiers pilotes d’avion à réaction, et préfère les parachutistes, considérés par certains comme des « voyous » mais en première ligne sur le terrain : « Va pour les voyous ! ».
Avec fierté, il coud le bandeau « France » sur sa tenue. S’ensuit une formation de plusieurs mois dans un unique but : le Débarquement. Au camp de Camberley, Achille découvre la vie militaire, sa discipline mais aussi la camaraderie.
Incorporés au sein de la section du célèbre lieutenant Marienne, lui et ses camarades suivent un entraînement de haute intensité en Écosse, pour devenir des parachutistes hors-pairs, au sein du 4e BIA du commandant Bourgoin. A Largo, en Écosse, puis dans les camps d’entrainements commando, la sélection se fait plus présente : des cross éreintants sont organisés et l’esprit de corps naissant est mis à rude épreuve. Quand un camarade, Schweitzer, se montre fiévreux et incapable de finir l’épreuve seul, la section s’organise et le pousse jusqu’à l’arrivée : « pas un seul n’avait flanché ! ».

Son acte d’engagement

Assis au 1er plan : Achille Muller

Après avoir surmonté une pneumonie, Achille est affecté à un escadron de cavalerie, sous les ordres du lieutenant Bodolec : il débarque sur une jeep et en sera le conducteur. Promu caporal, il continue l’entraînement et attend impatiemment l’ordre de départ. Ce sera le 5 août 1944, pour la Bretagne, dans le cadre de l’opération DINGSON.

Lorsque les planeurs WACO se posent et libèrent les jeeps sur lesquelles se déplacent les SAS, les Allemands sont stupéfaits et n’osent intervenir. Achille, lui, exulte : « Je saute de la jeep et j’embrasse Notre Terre ». Les jeeps sillonnent la Bretagne, harcèlent les troupes allemandes et les fixent, usant de la surprise pour faire un maximum de prisonniers. La collaboration avec les FFI permet de garder les seize premiers prisonniers. La population, petit à petit libérée de la présence allemande, laisse éclater sa joie.
Au terme de toutes ces péripéties, ce sont Quimper et Vannes qui sont libérées avec l’aide d’Achille.

Devant l’efficacité redoutable des jeeps du SAS, l’escadron d’Achille Muller est envoyé sur la Loire avec l’ensemble du 4e SAS pour empêcher les Allemands de franchir le fleuve, dans le cadre de l’opération SPENCER. Remarquable par sa discrétion, avec son équipage (M. Billon et P. Philippon) sur la jeep la “Vengeuse, “Achille découvre la présence de trois chars Tigre, ensuite détruits par l’aviation. L’armée allemande est en déroute et la connaissance de l’allemand de MULLER devient capitale : en privilégiant le dialogue et la négociation, de nombreux Allemands sont faits prisonniers sans la moindre perte humaine. Montrant un grand sang-froid et profitant de sa chance, il parvient à arrêter un convoi allemand, élément de reconnaissance de deux bataillons d’infanterie. L’opération mène finalement à la capture de 2500 hommes, encerclés par les forces alliées.

Alors que son escadron s’installe à Montmirail, Achille s’attelle à la formation de nouvelles recrues et commence à préparer le concours de l’ESMIA. Il participe également au défilé du 11 novembre 1944 sur les Champs-Élysées, mais il ne pense qu’à une chose : « Nous pensions à ceux de nos camarades qui nous avaient quittés en cours de route… et la guerre n’était pas finie ». Lors d’une permission fin 1944, Il retrouve ses parents qui ont fui Forbach, et qui ont été sans nouvelles de lui depuis deux ans : « j’ai vu arriver mon père. Il ne courait pas, il faisait des bonds. » « Ma mère a voulu se lever. Elle est retombée sur sa chaise. ».

Entrée des jeep à Vannes le 8 août 1944
Achille Muller et en passager le colonel Bourgoin

Après sa participation à l’opération AMHERST en Hollande courant avril 1945, Achille prépare le concours de l’ESMIA et est reçu le 7 juillet 1945.
Il participera à la Guerre d’Indochine et à la Guerre d’Algérie, puis mettra finalement un terme à sa carrière militaire en 1971, en ayant atteint le grade de colonel, honorant par son travail les possibilités que lui offrait l’armée.

(Source Wikipédia)

Sources – Liens

Service historique de la Défense, GR 16 P 436774
Entretiens du comité historique avec Achille MULLER.
Ouvrage d’auteur d’Achille MULLER “Nos vertes années”, disponible à la Mairie de FORBACH.
Reportage vidéo Le Figaro 2023 “Colonel Achille Muller, l’un des seuls survivants ayant participé au débarquement”
Vidéo du “Raid Achille MULER 1942 – 2022” Club VPMA

Mise en ligne: Jean-Marie Pefferkorn
Avec l’aimable autorisation de publier par l’Association AFPSAS

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