Richard Ohliger, l’un des 177 Français, fusilier marin du commando Kieffer, a laissé ses mémoires au musée des fusiliers marins de Lanester dans le Morbihan

par Jean Marie PEFFERKORN
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Article paru dans le journal “Républicain Lorrain” 02 févr. 2025

C’est un don important que vient d’effectuer Raymond Staudre à l’Association des familles de commandos de la France libre : un manuscrit relatant les souvenirs de guerre de son oncle Richard Ohliger, l’un des quatre Mosellans membres du commando Kieffer durant le D-Day. Richard portait le badge commando n ° 154.

Frédéric Watrin a récupéré le manuscrit légué par Raymond Staudre (à droite).
Ce manuscrit prendra place au musée des fusiliers marins de Lanester.
Photo Philippe Neu


Né le 5 avril 1923 à METZ (Moselle), décédé le 13 juillet 1973 à NAY (Pyrénées-Atlantiques) Richard est Inhumé au cimetière de Nay (Pyrénées-Atlantiques).

Sépulture de Richard Ohliger à Nay (Pyrénées-Atlantiques).

Il faisait partie des Scouts de France. Je me rappelle qu’il a passé le certificat d’études avec la mention Bien, puis il a fait son apprentissage à l’usine. Ses parents, eux, ont repris le café des Pêcheurs à Hauconcourt“.

À Ouistreham le 6 juin 1944

Médailles attribuées à Richard Ohliger

Les commandos à l’entraînement.


Cette formation a lieu au camp d’Achnacarry en Écosse. Elle doit permettre de tester les capacités physiques et l’opiniâtreté des futurs commandos.
Ce stage a notamment pour vocation de «faire le tri» au sein des hommes de la
compagnie afin de ne garder que les plus aptes à constituer un corps d’élite.
En juillet 1942, les hommes de Philippe Kieffer sont rattachés au 10e
commando interallié. La compagnie comptant toujours moins de 80 hommes,
celle-ci ne peut constituer une troupe et prétendre partir en mission. En revanche,
15 de ses hommes sont choisis pour participer à l’opération Jubilee sur Dieppe
le 19 août 1942. Ils sont répartis au sein des différents commandos prenant part
à l’opération. Au cours de cet épisode malheureux, la compagnie perd le second
maître Montailler qui ne survit pas à ses blessures et le quartier-maître César fait
prisonnier.
La compagnie continue son entraînement, mais les commandos s’impatientent devant le manque de missions qui leur sont confiées. Ce n’est qu’au cours de l’hiver 1943 que les commandos français sont sollicités pour participer à des raids de sondage. Ces raids ont pour but de faire des repérages et des prélèvements auprès du système de défense allemand. Entre le 24 décembre 1943 et le 28 février 1944, les Français effectuent cinq raids menés à terme, certains étant abandonnés en cours en raison de mauvaises conditions météorologiques. Ces cinq raids sont accomplis sur les côtes françaises et hollandaises : à Gravelines, sur les îles anglo-normandes de Jersey et Sark, à Quinéville (département de la Manche) et à Wassenaar (Hollande). Les raids sur Gravelines et Wassenaar sont des échecs. Le bataillon perd deux équipes soit 12 hommes auxquels il faut ajouter les deux commandos ayant sauté sur une mine au cours de l’opération sur l’île de Sark.

25 Mai 1944, le N° 4 commando quitte Bexhill à 10h15 par train spécial pour se rendre près de Southampton vers 15 heures. Richard Olhiger est en tête de file.

Le commando Kieffer à la veille du débarquement.
Source : Musée n°4 Commando

À l’issue de la campagne de Normandie, ils sont déployés aux Pays-Bas, toujours avec le commando numéro 4 du Lieutenant-colonel Dawson. Ces combats méconnus sont pourtant plus durs que ceux de Normandie.

La Campagne de Hollande
Fin septembre, le 1er B.F.M.C. est réorganisé, les 2 troupes sont allégées
et en décembre 1944, une 3e troupe rejoint le 1er B.F.M.C. en Hollande. Le 8
octobre 1944, le N° 4 Commando quitte l’Angleterre pour Ostende (Belgique).
Les Allemands tenant toujours la rive droite de l’Escaut et les îles formant son
estuaire, les Alliés vont tenter un débarquement frontal sur celles-ci.
Le 29 octobre, le 1er B.F.M.C. découvre son objectif : prendre la ville de
Flessingue située sur l’île de Walcheren. Ce débarquement a lieu le 1er novembre 1944.
Les troupes partent de Brekens, petit port de la rive gauche de l’Escaut.
Après avoir débarqué, les commandos livrent un véritable combat de rue et doi-
vent faire face à de nombreux «snipers» allemands dissimulés dans les habita-
tions. Après deux jours de combats incessants, la ville est prise par un bataillon
britannique. Le 8 novembre suivant, le N° 4 Commando reçoit une nouvelle
mission : prendre Vrouwerpolder, la dernière ville de l’île occupée par l’ennemi.
La réalisation de cet objectif se fait sans difficultés majeures et permet désormais
aux Alliés l’utilisation du port d’Anvers.
En décembre 1944, le 1er B.F.M.C. compte alors 210 commandos
répartis en trois troupes. Il participe à des raids offensifs sur l’île de Schouwen
dans le but de recueillir des renseignements sur les positions allemandes et de
harceler l’ennemi. Ces raids seront les dernières actions du 1er B.F.M.C. au cours
de la Seconde Guerre mondiale.
«Après la campagne des Pays-Bas, l’aventure du premier bataillon
fusilier marin commando de la France libre est définitivement terminée.

1944
Au total, 20 hommes, parmi les 177 du 1er BFMC, seront tués au combat avant la fin de 1944.

Insigne

La maquette primitive présentait sur le côté droit une étoile, rappel des Corps Francs 39/40. Refusée par un amiral qui y voyait un symbole US et URSS, l’étoile fut remplacée par une deuxième ancre, comme sur les rubans légendés anciens du chapeau breton de marin.
L’insigne est officialisé le 14 mars 1944 et sera remis officiellement aux hommes du 1er BFMC quelques semaines avant le débarquement, le 10 mai 1944. Il est broché sur le béret vert des commandos britannique en lieu et place de l’insigne tissu FNFL. C’est de cet insigne qu’est dérivé celui porté actuellement par les Commandos Marine.

Décorations et citations

Le bataillon a été cité 4 fois à l’ordre de l’armée au titre de la croix de guerre 1939-1945. À ce titre, le bataillon et son fanion étaient décorés de la fourragère de la Médaille Militaire, remise le 23 novembre 1945 par le général de Monsabert à Strasbourg.

258 citations françaises individuelles ont été décernées aux hommes du 1er BFMC durant son existence.

4 hommes du bataillon ont été faits Compagnons de la Libération : le capitaine de corvette Philippe Kieffer, l’officier des équipages Alexandre Lofi, l’abbé de Naurois, l’officier des équipages Paul Chausse.

Mise en ligne : Jean-Marie Pefferkorn

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